Le témoignage d’Alain ROLFI, directeur de GEMALTO Gémenos
Le télétravail fait partie des solutions permettant de réduire les impacts négatifs liés aux déplacements en voiture des salariés (coût, embouteillages, risque routier, pollution), parmi d’autres avantages.
Mais il peut également être source de réticences et de questionnements de la part des entreprises.
Alain ROLFI, directeur de GEMALTO Gémenos (900 salariés), partage avec nous les premiers résultats de l’expérimentation du télétravail menée dernièrement dans son entreprise.
Mobilidées : GEMALTO a lancé une démarche en interne sur le télétravail, pouvez-vous nous en dire plus ?
A.R. : La Direction de Gemalto et les Organisations Syndicales représentatives ont souhaité travailler en commun pour proposer aux collaborateurs de Gemalto la possibilité de travailler à domicile.
Nous étions convaincus que cette nouvelle organisation du travail serait susceptible d’améliorer d’une part la qualité et l’efficacité du travail, et d’autre part d’améliorer l’équilibre entre la vie personnelle et la vie professionnelle.
Nous avions également comme objectif de préserver le lien social des salariés avec l’entreprise et de maintenir ou d’améliorer l’efficacité du travail collectif.
Mobilidées : Quelle a été la méthodologie ?
A.R. : Nous avons décidé de démarrer par une phase pilote : notre premier accord télétravail a été signé en avril 2014 pour une durée de 18 mois.
Cet accord défini entre autres ;
• Les fonctions non éligibles au télétravail. Il nous a été paradoxalement plus facile de lister les fonctions non éligibles. Ont, par exemple, été considérées comme non éligibles les fonctions nécessitant une présence sur le site (production, infirmiers, sécurité site,…) ou les postes soumis à des contraintes de sécurité.
Les fonctions non listées étaient de fait éligibles au télétravail.
• Le nombre de jour de télétravail : 1 jour fixe par semaine. Le mercredi est exclu.
• Le lieu du télétravail : au domicile principal avec un espace de travail dédié
Dans le cadre de ce pilote, 180 personnes ont démarré le télétravail sur Gemalto en France. Nous avons réalisé deux enquêtes auprès des télétravailleurs et des managers de télétravailleurs pour évaluer la pertinence de cette organisation du travail par rapport à nos objectifs.
Mobilidées : Quels ont été les résultats de cette phase pilote ?
A.R. : Les résultats ont été très positifs, tant du point de vue du télétravailleur (gain de temps, moins de fatigue, équilibre vie professionnelle/ vie familiale) que des managers (qualité du travail, réalisation des objectifs, intégration à l’équipe)
Le télétravail est également une action importante de notre plan d’action visant à réduire notre empreinte carbone et concours à une meilleure fluidité de la circulation automobile au même titre que les actions menées dans le domaine du covoiturage.
Mobilidées : Qu’en est-il des économies que peut réaliser une entreprise ? quelles sont elles ?
A.R. : Nous n’avons pas fait de chiffrage des économies attendues suite à la mise en place du télétravail. Au-delà des avantages déjà énoncés qui doivent concourir à l’amélioration des résultats de l’entreprise, le télétravail doit nous permettre également d’optimiser l’utilisation des m2 de bureaux. Nous avons par exemple indiqué dans notre accord que nous n’aurions plus à court terme de bureau de passage pour accueillir les salariés en mission mais que ces salariés utiliseraient les bureaux des télétravailleurs. De la même manière, une personne qui télétravaille 2 jours par semaine n’aura plus droit à un bureau individuel fermé.
Mobilidées : Quels peuvent être les principaux blocages pour une entreprise ?
A.R. : Le principal frein se trouve au niveau de certains salariés et/ou managers qui ne sont pas convaincus de l’efficacité du télétravail. La formation manager et les enquêtes réalisées ont, entre autres, pour objectif de convaincre que le télétravail est bénéfique pour le salarié et pour l’entreprise.
Afin que le télétravail soit efficace, il faut également que les outils informatiques et les réseaux soient performants pour permettre aux salariés de travailler dans de bonnes conditions.
Mobilidées : Qu’en est-il de la question des assurances, et du contrôle du travail réalisé ?
A.R. : Le télétravail repose sur la confiance et sur l’autonomie des salariés. Nous avons refusé des candidatures lorsqu’il nous paraissait que l’autonomie de tel ou tel salarié n’était pas suffisante.
Il n’y a pas de contrôle particulier ou supplémentaire. Au final, le salarié doit tenir ses objectifs. Avant même la mise en œuvre du télétravail et compte tenu des différents sites Gemalto en France et dans le monde, le management à distance était déjà une réalité pour de nombreux managers et salariés.
L’assurance Gemalto couvre le matériel mis à disposition des salariés (PC, station, deuxième écran). En complément, nous demandons à chaque salarié de nous fournir une attestation de leur assurance en responsabilité civile indiquant qu’elle couvre l’activité de télétravail.
Mobilidées : Quelle a été la suite de l’opération chez GEMALTO ?
A.R. : Nous avons décidé de déployer le télétravail à plus grande échelle. Nous avons ouvert le télétravail à certaines fonctions non éligibles dans le pilote (managers, assistantes) et porté le nombre de jour possible en télétravail à deux jours par semaine.
Ce déploiement a démarré au 1er juillet 2016 et concerne aujourd’hui 520 personnes en France dont 140 à Gemenos.